entre deux pans de ruelle à vomir tes tripes à tes pieds
― t'es la fin d'un fantôme que t'effaces en fumée, perdu jusqu'où tes pieds iront te porter
vous êtes-vous déjà perdus dans une foule jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à reconnaître
entre deux bouffée de tragédie et une crise de panique,
de l'autre côté de la psyché fourrée entre les fissures d'un crâne en floraison
avec des chrysanthèmes qui perdent leurs pétales le long de sa nuque jusqu'à se poser contre ses omoplates
avez-vous déjà
eu vos côtes ouvertes comme une fleur
le calcium contre l'air avec vos entrailles comme une tache rouge sur l'aube
comme la réflection du soleil contre un nuage
comme le bourgogne du sang taché sur l'asphalte qui s'égoutte après les lèvres et du bout de la mâchoire
savez-vous reconnaître vos os dans un miroir
articuler votre squelette et savoir que tout vous appartiens
du bout d'un doigt qui trace le haut des jointures écorchées
du creux d'une paume contre un poignet brisé, une clavicule fracassée avec des morceaux jusque dans ses poumons
l'écarlate dans la gorge comme une lame
vous êtes-vous déjà perdu dans l'espace entre vos côtes
dans l'intervalle entre deux respirations, dans l'air qui rempli vos poumons
toi tu t'y es déjà perdu.
t'es toujours perdu.
t'es comme un animal qui a faim mais qui peut pas être rassasié
le wendigo émotionnel des temps modernes―
t'as faim, t'as faim qu'on te touche du bout des phalanges mais la bête elle est pas en toi c'est les autres
qu'est-ce que t'as de caché derrière (ce qui fait naître un sourire)(l'autre côté des canines dévoilées) ce qui ne t'appartiens pas
qu'est-ce que tu trouverais si tu fouillais derrière l'air des autres dans tes poumons
quelles fleurs as-tu tressées le long de tes côtes
de quelle couleur
comment perdent-elles leurs pétales jusqu'à tes pieds
tu ne peux toucher à personne parce que t'as pas de doigts que des fantômes
si tu connais pas qui tu es sans avoir su te construire à travers tous les débris les sourires les larmes les cris & les flammes
tu ne peux toucher à personne parce que t'as de la chair au bout de tes phalanges―
mais c'est une barrière entre le monde et ton squelette
un mur de verre
un bouclier
une prison
l'univers qui s'étale entre toi qui est caché au plus profond de ton crâne et l'infinité jusqu'à la limite de tes sens
quand t'es seul quand t'es caché quand même toi tu t'es perdu de l'autre côté - quand t'es pas en présence de toi-même
quand tu le réalises pas
quand t'es égaré dans le bout des étoiles et que t'as ton coeur qui se fracasse contre tes côtes pendant que t'as le crâne qui s'est enfui et les chrysanthèmes oubliés;
t'es en colère
tu rages tu rages d'avoir perdu chacun des morceaux de ton existence dans les yeux de tous les autres
toi t'as pas le droit?
t'as pas le droit d'être toi?
t'as pas le droit d'avoir quoi que ce soit auquel on touche pas?
t'as des invasions jusque dans tes veines
t'es à la guerre mais t'as rien à gagner et tout à perdre
t'as l'enemi aux portes de ton âme qui frappent du bout de leurs baïonnettes
bang bang bang
'donnes-nous tout ce qui reste'
'offres-nous les derniers lambeaux qu'on ne peut pas toucher'
tu les défends bec et ongles et tu rugis avec tes côtes qui tremblent et les fleurs qui repoussent dans tes orbites
t'es en colère juste quand t'es seul
juste quand t'es sans toi
parce qu'avec les autres entre tes côtes tu peux pas vivre sans les aimer
t'as leur sourire leurs larmes dans le myocarde ça fleurit ça s'ouvre et ça te caresse les côtes
tu peux rien y faire
c'est impossible de détester quelqu'un quand on les comprends
alors t'as l'amour dans le fond de la gorge comme un glock contre ta pomme d'adam
ça explose plutôt que l'air dans tes poumons ça déplie ta chair froissée
tu aimes tu aimes même si tu peux toucher à personne
même si tu peux jamais recevoir
même si t'as pas de doigts que des fantômes
(c'est pas de l'amour parce que tu peux rien partager―
c'est la seule chose que tu possèdes vraiment les seules miettes de ton existence auxquelles tu t'enchaînes)
en vrai t'as même pas le loisir
de choisir qui t'aimes
juste des fantômes qui jouent sous tes côtes qui tirent des sourires que tu les caches derrière tes lèvres
he's a crow with a shitty knife in its beak; instead of soaring he fights
[arrivé au japon il y a quelque mois avec à peine de quoi survivre trois jours en poche. cache son altération à moins que le contraire lui soit avantageux. discret & évite les gens le plus possible. très attaché à sa liberté. se présente en tant que jáchym.]