But are we all lost stars trying to light up the dark?


Ley, elle avait vu l'essence de l'humanité, un oiseau si fragile, si pur, si instable, qu'elle avait craint de voir ses ailes s'étioler, briser par les altérés et l'indécence de leur avidité. Ces lueurs assassines. Ces coups d'oeil dignes d'un mauvais film.  Ces yeux si vides, si noirs, si méchants qui ont lancés une guerre froide entre eux et le monde.
Des abominations affilié à des démons.

Des démons dont les crocs teinteraient de rouges sa peau de lait. Ceux qui à son oreille sourdement chuchoteraient: Tu verras plus tard, tu deviendras comme moi, oublieuse du bien et du mal, de ces créatures plus faible que toi. Et tu sauras Eva, tu sauras que ta place est avec nous. Avec moi.

Et elle avait peur Ley, peur d'oublier les enseignement de son père, qui sa tare au lieu d'être singulière, devienne plurielle. C'était une sensation étrange d'être déconnecté, de vivre en apnée, le coeur anesthésié, endormi dans cet entre-deux singulier où ne perdurait que les incertitudes de sa lutte, que les frémissements de son but.

Parce qu'elle aurait aimé ne pas être choisit Ley. Elle aurait aimé pouvoir aimer, librement, ivre et fière de sa condition de femme, d'adolescente aux moeurs décadent. A embrasser la joue paternelle pour chuchoter les mots d'amours, sans barrières et sans tabous. A cueillir d'autres lèvres, peut être, avec la distance timide et précautionneuse des amantes incertaines. Elle embrasserait. Le cœur léger et exalté, fiers de ce choix qu'on lui aurait laissé, de cette audace presque sale d'apprécier les corps séducteurs et rassurants, de ces sentiments en arc-en-ciel qui s'entremêlent les uns aux autres. Elle embrasserait.  Ivre à la simple idée d'aimer, encore enfant, mais plutôt femme, de ces ardeurs qui jettent le voile, qui s'éclatent, qui s'embrasent. Elle embrasserait en insatiable boulimique, éprise d'une liberté qu'elle n'avait put que rêver, mirage d'une réalité qui ne cessait de lui échapper.

Mais Ley, elle s'y était enchaînée. A la cause, au poids des responsabilités de l'enfant choisit qui devait être sacrifié. Parce qu'elle avait vu l'essence de l'humanité, un oiseau si fragile qu'il devait être protégé. Préservé face à l'avidité des altérés, de leurs regard assassins. De leurs yeux si noirs, si vides et si méchants, qui avaient lancés une guerre froide entre eux et le monde.

Alors oui Ley, elle rêvait de liberté, d'une féminité libéré qui ne lui appartiendrait jamais. Parce que dans le désordre de cet apocalypse naissant, il y avait un homme.  Goguenard et rassurant, un homme au sourire de joie. Qui se moque de ses zouave acrobates un peu pataud. Qui remet les robes déchirés des petites filles sur leur dos. Qui répand les vagues sanglantes dans les digues fendillés des quartiers viciés. Ces démons qu'il mettra à nue avant de leur offrir le grand saut dans les eaux sales et putrides embourbés par les bières renversés et des vins rouges aux saveurs insidieusement sucrés.
Il y avait un homme qui rendrait le monde un peu plus beau.

Un homme qu'elle pourrait fièrement appeler père.
Un homme qu'elle aimait et respectait.
Qui lui faisait oublier qu'elle aussi était un démon.
Un démon aux yeux si noirs si vides et si méchant, un démon qui a lancé une guerre froide entre lui et le monde.

Cause every night I lie in bed, the brightest colors fill my head


― Elvira, c'est cette gamine sans parents, sans histoire. Elevée avec les autres gamins, trop violents pour l'enfant, trop fragile. Trop docile. Ils l'ont abîmée dedans, Elvira. Ils lui ont appris que la vie pouvait être laide, elle aussi.
― Puis Eva, elle a trouvé un père, un homme dur mais juste qui l'a élevé comme sa propre fille, qui lui a enseigné comment le monde tournait, quel risque elle représentait. Nobuo lui a tendu la main lorsque tous la dédaignait. Elle l'a aimé et admiré, jusqu'à occulté toutes ces petites choses qui la constituaient. Il était devenu un tout, un absolu auquel elle a toujours cru.
― Il l'a renommé Ley, comme une renaissance, parce qu'elle se devait d'apprendre, parce qu'elle se devait de comprendre. Les altérés étaient un véritable danger, l'apocalypse déguisée en calumet de paix. Il l'avait choisit pour cette petite graine qu'il avait implanté dans sa tête, cette certitude qu'il avait qu'elle, n'était pas si mauvaise.
― Son don est devenu sa rédemption, une raison d'existé. Elle était enfant, elle était poupée armée, formée et entraînée à traquer les altéré pour les remettre aux gardiens de l'humanité.
― Elle a grandit cachée, secret inavouable qu'on ne voulait pas exposer.
― Sez, il était là avant son arrivé, un autre gamin ramassé, un autre gardien de l'humanité. Ils ont grandit ensemble, proche et distant tout à la fois. Il était si différent Sez, si distant face à la gamine qu'elle avait été et la femme qu'elle était.

―Elle a la peau dure avec les étrangers. Elle sent la prune rouge et le freesia. S'il était humainement possible de se nourrir exclusivement de fraise, elle le ferait. Elle ne sait pas très bien nager. Elle n'aime pas qu'on la fixe.  Elle a une jolie voix. Rien d'exceptionnel, mais agréable tout de même. Et Dieu merci, elle ne se ronge pas les ongles. Elle a une canine un peu de travers. Et elle mange ses pizzas avec les doigts. Après, elle les lèche pour en chasser la sauce tomate. Elle noie son thé dans le sucre. Elle ne ronfle jamais. En revanche, elle chante sous la douche. Faux. D'ailleurs, elle semble persuadée qu'on ne l'entend pas. Parfois, quand elle enfile son tee shirt, elle se coince la tête dans la manche. Et c'est ridicule. Mais mignon. Au moins un tout petit peu. Elle se se met rarement en colère. Et on la dit souvent rancunière. Elle regarde les gens en coin, parfois, et on ne sait jamais ce que ça veux dire. Elle a l'esprit ouvert. Parfois, elle s'émerveille de peu.―