il l'a vu s'enfuir, se sauver, quitter sa cage dorée. even l'a traqué un court instant, c'est permis de l'observer, de tracer une route parmi les arbres. il n'a pas de raisons particulières, c'est l'une des élèves, l'une des demoiselles dont il est responsable. et si elle se faisait kidnapper par un traqueur ? ce n'est pas impossible que certains se cachent. lily n'est plus en sécurité dès qu'elle quitte l'intérieur de ces murs. sauf qu'il l'a perdu. la barbapapa s'est envolée, volatilisée. ce n'est pas la première fois. even est allé se chercher un verre d'eau-grenadine le temps qu'elle revienne. il s'est lui-même servi dans les cuisines puis s'est sagement installé sur les marches du bâtiment principal. il fixait la forêt, se concentrant autant que possible sur les différentes ombres et laissant son ouïe chercher une sonorité humaine, un cri, un battement... mais rien. tout était calme. les heures ont défilé, la lune est retournée se cacher laissant sa place au soleil. toujours pas de traces de la gamine. il poussa un long soupir avant de se lever, enfin décidé à prévenir le limier. il faut partir à sa recherche. paupières lourdes, fatigue qui s'installe, nuit blanche qu'il ne sait plus gérer. overdose d'altération. une fois de dos, une branche craque.
il s'arrête. verre vide à la main.
« Tiens donc. » even se tourne, la regarde de haut en bas, vérifie en un rapide coup d’œil que rien n'est arraché ou abîmé. « Enfin décidée à rentrer, Swynford. » il ne compte pas la laisser passer avant d'avoir eu des explications.

Trois heures et quart. Si on lui avait dit que la réunion s’éternisait jusqu’au, presque, petit matin, elle aurait très certainement décliné l’invitation. Ou tout du moins, c’est ce dont elle essayait de se convaincre, comme pour soulager son semblant de fierté mal placée, en arpentant la petite route qui serpentait entre les arbres et menait jusqu’au portail de l’Académie. À hauteur du vigile, elle présente son badge et étire, ingénument, ses lippes. Elle ne pouvait pas refuser. Anakim n’aurait jamais accepté et, si elle n’en avait fait qu’à sa tête, leurs rapports se seraient détériorés, ce qui serait là une façon bien bête de se le mettre dans une position délicate. Pour Augury  qui plus est, un comble. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas entendu la branche de la discorde craquer sous son poids. — Tiens donc. Elle ne prend pas la peine de faire immédiatement volte-face, à une heure aussi tardive ça ne peut être que lui. Et avec lui, la promesse d’une fin de soirée semer de sermons et autres joyeusetés dont elle se serait volontiers passé.  — Tiens donc, monsieur le surveillant. Ce n’est pas une heure pour aller se chercher un verre d’eau, dit-elle en pointant du regard le dit verre. Encore une fois, elle aurait mieux fait de se taire.

pour dire la vérité, even n'en à rien à foutre de la réussite des étudiants. qu'ils réussissent ou pas ne changent pas sa vie, mais malheureusement, even est envieux. un tantinet jaloux. il n'a pas pu étudier ici, n'a rien connu de toutes ces choses - alors il refuse de voir ces morveux jouer aux grands et se permettre de louper leur avenir. forcément il hausse la voix, forcément il enchaîne les sermons. jusqu'à une certaine limite. chieuse de première. il incline légèrement la tête, arque un sourcil aux propos de la gosse. pas envie de jouer. il regarde un temps son verre vide, aussi vide que le crâne de Swynford, et repose finalement ses yeux sur elle. « Maintenant que vous êtes là, vous allez venir avec moi le remplir. » il lève légèrement le verre vers elle, petite idée derrière la tête. autant l'épuiser un maximum pour être certain qu'elle ne bouge pas ce soir. « Ou bien vous irez faire quelques tours du terrain d'entrainement, histoire de vous soyez bien réveillée pour le reste de la journée. » il se retourne, n'attend pas une réponse de sa part et commence à avancer. dans tous les cas, elle va devoir faire un choix et des explications auront lieu que ça soit dans le réfectoire ou sous l'épuisement d'un footing matinal. si seulement il savait, pour Augury. tout serait tellement différent.

Pourquoi fallait-il qu’en sa présence elle soit incapable de réguler son impertinence et laisse déglutir, d’entre ses lèvres, des remarques qui la mènerait tout droit à ce genre de choix incongrus ? Pourquoi fallait-il qu’Even ne se comporte pas comme l’ensemble du corps enseignant à son égard et l’attend au tournant à la moindre, ne serait-ce que infime, marque d’insolence ? Elle ne lui laisserait pas gagner cette manche, plutôt crever. Et tant pis si elle devait se taper quelques tours du terrain d'entraînement, voir le faciès d’Even se décomposer serait d’une satisfaction inégalable. Et tant pis si elle est en jupe. — Ça n’a jamais tué personne de courir peu réplique-t-elle derechef en s'élançant à la suite du surveillant. — Je peux savoir pourquoi vous vagabondiez à une heure aussi tardive ? Ça pourrait porter à confusion. La nuit risque d'être longue, autant discuter.

il n'a jamais compris pourquoi lily se comportait de cette manière avec lui. il n'a pourtant rien fait de mal et elle n'est pas autant arrogante avec ses enseignants. mais en soit, ça l'occupe, ça lui change les idées. un peu de pep's dans sa journée. even continue d'avancer, le visage toujours froid, tenant fermement son verre. elle choisit la course. audacieuse. il l'écoute sagement et se met à rouler des yeux, toujours en train de chercher la petite bête. ueda s'arrête net dans l'escalier et se tourne vers la l'étudiante plus petite de quelques centimètres seulement. « Ce n'est pas le moment de poser des questions, Elisabeth. » il l'observe quelques secondes avant de reprendre son trajet le plus calmement possible. une fois dans la cafétéria, even se paye sa boisson chaude sans proposer quelque chose à la fugueuse. il porte le café brûlant à ses lèvres, boit une gorgée avant de reprendre la discussion. « Certaine de vouloir courir dans cette tenue ? » tu risques de tomber malade. provocateur.

Ce n'est pas le moment de poser des questions, Elisabeth. Ses lèvres charnues s'étirent en un sourire rapide, contrarié, caprice d'une gamine qui s’efforce de faire oublier son prénom aux dépens d’un surnom qu’elle lui préfère. C’est stupide comme réaction, elle en a conscience Lily, mais c’est plus fort qu’elle. Elisabeth l’horripile plus que de raison, trop souvent associé aux réprimandes et/ou prononcer en cas de crise chez les Swynford. Debout, adossée à l’une des tables stériles de la cafétéria, elle l’observe se servir à la machine à la café. Il pourrait lui plaire si son visage ne se cantonnait pas à afficher deux expressions seulement : l’agacement et l’agacement. — Vous doutez de moi ? Vous seriez étonné de tout ce que je suis capable de faire dans cette tenue, à nouveau elle ne peut s’empêcher de sourire, une lueur malicieuse dansant dans le regard, vous êtes vraiment sûr de vouloir m’infliger ça ? Elle quitte la table, s’avance dans sa direction. Je suis juste sortie voir quelqu’un, vous voyez ce que je veux dire ? avoue-t-elle, volontairement ambiguë. Ce pouvait aussi bien être un simple ami, qu’un plan cul ou le célèbre chef d’un groupuscule que le CCA s'évertuait à traquer.

Je suis juste sortie voir quelqu’un, vous voyez ce que je veux dire ? surpris. il ne peut s'empêcher de froncer légèrement ses sourcils tout en tenant son gobelet des deux mains. elle commence à l'intriguer, à l'énerver, aussi. « Je pensais surtout à vous éviter les regards indiscrets, mais vous semblez avoir l'habitude. » lily aime se faire remarquer. c'est indéniable. peut-être un manque, un soucis personnel qui fait qu'elle doit être au devant de la scène. c'est triste, quand même. « Je ne doute pas de vos aptitudes et ce qu'importe les circonstances. C'est pour votre bien que je vous propose de vous changer, après si vous refusez, c'est votre problème. » il hausse légèrement les épaules et commence à partir en direction du terrain d'entrainement. quelques minutes de marche à supporter les allusions de la demoiselle avant qu'elle finisse essoufflée dans le froid. courage even. ils avancent rapidement, de petits hochements de tête pour saluer les enseignants ou autres surveillants, puis ils arrivent enfin au terrain d'entraînement. « Et prochaine fois que vous sortez voir ce quelqu'un, essayez de vous habiller plus chaudement, il va vous confondre avec une personne que vous n'êtes pas. » il vient s'appuyer contre la rambarde et montre d'un signe du menton la parcelle. « Je vous laisse vous échauffer pendant dix minutes. Vous êtes chanceuse, vous avez le terrain pour vous. » ensuite on passe aux choses sérieuses.