Ley Kane

Ley, elle sourit souvent, toujours. Ses lèvres sont rouge et pleines de sang comme une entaille, un peu gercées aussi, comme les enfants auxquels les pulpes sèches importent peu - quelle importance, n'est ce pas, puisqu'une bouche est faite pour parler, pour grignoter, pour crier? Ley, c'est encore cette gamine  à la simplicité juvénile, au rire facile et au verbe accessible. Le genre de nana que l'on pourrait connaitre sur le bout des doigts, avec de la bravade au creux du regard, avec cette spontanéité qu'on effleure du bout des doigts. On pourrait, sans jamais réellement y parvenir. Sans jamais faire autrement que d'en effleurer la surface. Parce que sur son visage, il y a des pupilles qui vacillent, des regards perclus de trop de fatigue et des ombres chimériques aux allures chagrines. Parce que parfois elle a le verbe incisif Ley. Un sirop juvénile qui enveloppe les mots en bouts de verre, pour mieux approcher la proie et la pilonner avec la douceur des paroles en tesson de bouteille. Ce sont ces longues tirades qui accompagnent cette morne apathie qui lui crispe la bouche - cette bouche d'enfant, très sanguine et un peu écorchée. Cette bouche qu'on finit toujours par observer, dans l'attente des prochaines insanités qu'elle pourrait exhaler.