Les horreurs quotidiennes s'avèrent plus fortes que l'éveil, et la déchéance humaine plus profonde que les abysses.« AIDE-M… »
Sa voix se brise. Se perd dans le flux ignoble d’une succession de gémissements plaintifs. Râles. Grimaces de douleurs… Tout y passe à cet instant précis et la jouvencelle commence à perdre pied. Ce qui lui arrive est surréaliste. L’inspectrice n’aurait jamais pensé être aussi vulnérable un jour…
Son corps tendu et balloté dans tous les sens n’arrange pas les choses et les doigts boudinés de son agresseur qui rampent au creux de ses hanches la rendent malade. Ses oreilles bourdonnent, vrillés par d’horribles acouphènes. Ses dents se plantent par à-coups dans la chair interne de ses joues et un gout métallique finit par se répandre dans sa bouche.
L’un des symboles du CCA se faisait tout simplement souiller comme la dernière des catins.
« Tony ! »
Alors qu’elle lève ses yeux suppliants et larmoyants vers son binôme, son supposé partenaire, ce dernier voile son regard sadique et mauvais d’une paire de lunettes de soleil, non sans un sourire moqueur qui barre sa sale gueule.
« D’solé Shizuka. Tu m’vois agresser un député ? Même-moi, j’oserai pas ! »Derrière l’inspectrice abusée, l’agresseur se fend d’un rire gras. Sa dégaine a tout d’un sale politicard : Crâne dégarni, regard de vieux roublard, bedaine importante, barbe fournie mais bien taillée… Qui aurait cru qu’un député aussi important puisse verser dans une telle ignominie ? L’être humain, altéré ou non, était d’une complexité édifiante, fascinante, voire même malsaine.
Devant cette scène prévue depuis longtemps, Anthony, non loin de la scène, s’abreuve d’une bouteille de whisky. Humaniste dans l’âme, il se complait à observer cette scène cruelle qui met en relief les pires aspects de l’homme. Et s’il est bien évidemment pour la cause des altérés malgré son statut d’exécuteur qui défraye la chronique chez les siens, voir un « normal » violer sa semblable et en tirer le plus grand des plaisirs l’amuse plus que jamais.
Il finit même par éclater de rire !
L’inspectrice essaye tant bien que mal de se défendre, mais ligotée et fermement tenue par son agresseur, ses tentatives sont vaines. Elle finit par se laisser faire, la mort dans l’âme et sa mollesse enchante le député qui redouble d’ardeur et la possède bestialement, comme un vulgaire animal sauvage. Tordu jusqu’à l’os, le politique semblait avoir des vices bien particuliers…
Mystères pour Anthony. Source d’amusement aussi.
Au final, le député lui offrait un pont en or vers une nouvelle vie plus prometteuse. Pourquoi s’en plaindre ?
Parce qu’il était évidemment clair que l’inspectrice n’en ressortirait pas vivante.
Cruel destin que voilà.
***
« Rien d’autre à ajouter, Gravity ? »
Iris pouvait peut-être aider un inspecteur à prendre une décision sous le feu de l’action, mais pour enquêter, le système avait encore des progrès à faire. De ce fait, les enquêtes revenaient aux vieux briscards…
« Je vous ai déjà tout raconté. »Les inspecteurs sentaient un coup fumeux dans cette histoire. La gueule d’Anthony couverte d’ecchymoses ne les satisfaisait pas. Pour autant, les impacts de balles sur la voiture qui transportait le député dans la ville inférieure pour ses tournées politiques et son rapprochement des populations défavorisées étaient des réalités qu’ils ne pouvaient nier. Généralement escorté par un duo du CCA que le parlement lui octroyait pour ses déplacements (histoire de faire bonne figure, on s’entend), le député Makishima l’avait échappé belle. Au prix fort d’un exécutant bien amoché et d’une inspectrice évanouie dans la nature.
Disparue et morte aussi. Pour tous, Shizuka Kawashima était six pieds sous terre.
Une évidence.
Les zones de non-droit ne pardonnaient pas.
Les nouvelles sur l’attentat visant le député lors de sa campagne se répandirent comme une trainée de poudre dans la ville supérieure. On imputa systématiquement cette attaque aux nombreuses mafias qui pullulaient dans les six arrondissements laissés pour compte.
Mais ce que personne ne savait, c’est que ledit député, présenté comme un saint soucieux du vivre-ensemble, avait le bras long, surtout dans le monde mafieux. La scène du crime avait été minutieusement maquillée et les mafieux de mèche avec le politique prirent plaisir à s’occuper de l’inspectrice après qu’elle ait été abusée par le politicien.
Quant à Anthony ? On le roua de coups et il dut même supporter d’encaisser deux balles à l’un de ses bras. Signes de résistances. Fuite avec le député à l’aide de sa gravité. Rien n’avait été laissé au hasard. Chaque détail comptait.
Mais malgré le prix à payer, le blond n’avait pas hésité une seule seconde.
***
Tony fut parqué à Echnida pour un temps. Il fut relâché six mois plus tard après que l’affaire ait été classée, sous la pression des pro-altérés et du député qui ne comprenait pas l’emprisonnement de son « sauveur ».
En raison de sa bravoure, de son parcours en tant qu’exécuteur très efficace (d’où sa folle renommée en tant qu’altéré) et dans l’impossibilité de le caser avec un autre inspecteur, on lui proposa plusieurs postes çà et là et même la possibilité de quitter les rangs. Une « retraite anticipée » qu’ils disaient pour mieux paraitre. Avec une jolie pension en somme. Ce qu’il accepta volontiers.
Également payé (et gracieusement !) par Makishima pour services rendus, Anthony s’abandonna rapidement à la débauche, aux strass et paillettes. Sa psyché, ses délires, sa folie des grandeurs et sa proximité avec ses semblables assainirent sa réputation et gommèrent ses « exactions » en tant « qu’exécuteur ». Il s’attira alors la sympathie de bons nombres d’altérés et se fit une place de choix dans le monde la nuit.
C’est de fil en aiguille qu’il devint le gérant du « Lupanar » et qu’il en fit la boite incontournable qu’elle est aujourd’hui : Un véritable carrefour pour les factions en faveur des altérés où il comptait bien tirer son épingle du jeu et peser dans le game. Et ce même malgré la surveillance dont l’établissement faisait preuve. Après tout, il connaissait le protocole. Les procédures…
Et les déjouer était pour lui un jeu d’enfant !
Trivia. Ce qu’il pense des factions :
Le Klan : Des tarés. Tony pense que ce sont des tarés, mais dans le bon sens du terme. Même s’il n’est pas clairement pas prêt de rejoindre leurs rangs, il aime bien les membres de ce groupe et n’hésite pas à leur venir en aide, notamment en termes d’informations cruciales ou autres, moyennant quelques billets –parce que faut pas déconner non plus. Au sein du Lupanar, tout y passe, tout finit par remonter à son oreille et c’est avec grand plaisir qu’il assiste ses « confrères » tant qu’ils peuvent aligner les billets. Après tout, jouer les fournisseurs pour une telle faction a son lot de risques, non ?
Vis Humanitatis : Des insectes. Des cafards. Des cancrelats. Il n’y a pas d’autres adjectifs pour qualifier cette merde aux yeux du grand blond. S’il est certes surveillé par les agents du CCA, il n’hésite pas à passer des contrats avec des mercenaires (humains ou altérés, peu importe) pour rectifier le portrait de certains, à défaut de pouvoir le faire lui-même et n’hésite pas à mettre le prix qu’il faut pour. Il aimerait bien pouvoir frapper un grand coup de lui-même, ce que son alter lui permettrait bien évidemment, mais sa position assez stratégique et sensible ne le lui permet pas. Pas fou le type…
Seven Thorns Inn : Gravity a une certaine attache pour cette organisation et l’approuve de loin quitte parfois à jouer le généreux donateur anonyme. Il respecte le fondement du groupe, essaye de l’aider du mieux qu’il peut, sans pour autant vouloir les rejoindre. Le bémol ? Il trouve leur mode de vie un peu trop calme, leur posture un peu trop neutre à son gout, ce qui ne convient pas du tout à l’être extravagant qu’il est. Du reste et à son sens, une association visible entre son personnage et une telle faction les desservirait plus qu’autre chose. Ainsi va la vie…
Augury : Flou émotionnel. A vrai dire, le grand blond oscille entre fascination et dégout quand il s’agit de ces hacktivistes. S’il approuve la plupart de leurs actions et en rigole parfois, il n’oublie pas non plus le fait que certains d’entre eux ont réussi à lui filer entre les doigts du temps où il était encore exécuteur. Autant dire que sa fierté en prenait généralement un sacré coup. De ce fait, Tony garde une certaine rancune vis-à-vis de certains profils tout en applaudissant en général leurs différentes actions auxquelles il adhère bien souvent. Tant que ça fait chier le gouvernement…
CCA – Ôda Academy : S’il n’a rien contre les altérés qu’il considère comme « prisonniers » de ces institutions, il a une dent contre leurs dirigeants humains et ne souhaite qu’une seule chose : Leur mort. D’ailleurs, il n’hésite pas à se foutre de la gueule des inspecteurs qui le surveillent en permanence et déjoue généralement leur filature ou même leur infiltration dans le lupanar. Cela dit, en assumant le fait que « C’est l’hôpital qui se fout de la charité », il plaint vraiment les exécuteurs encore actifs et prompts à faire aveuglément leur boulot. Après tout, il n’a jamais vraiment aimé son ancien métier…
Pêle-mêle : Vulgaire – Pervers qui se fait généralement embobiner par les callipyges (avis aux meufs bien roulées) – Ainé d’une fratrie de trois grosses – Aime sa famille en particulier sa sœur et grogne contre tous ses éventuels prétendants – Moqueur qui n’hésite pas à se foutre des humains, en particulier des inspecteurs du CCA qui patinent sur son cas – Gros fêtard – Camé occasionnel, fumeur invétéré – Touche très très rarement l’alcool malgré son statut de noceur – Gros manipulateur et enflure de la pire grande espèce – Porte constamment ses fameuses lunettes de soleil et arbore toujours un sourire – BCBG – Se fringue très souvent de manière exotique, tape-à l’œil, toujours avec un grand manteau rose – Bouffe essentiellement de la viande et à une sainte horreur des légumes – Détient des connexions un peu partout (Au gouvernement, au CCA, à Ôda et même dans les milieux mafieux des non-zones) – Dirige le lupanar comme un véritable gestionnaire et organise ses trafics (en tous genre) comme un maestro – A un sens de l’intuition très aiguisé et est un véritable pro de la lecture froide du fait de son ancien boulot – Est un pugiliste accompli en plus de son altération assez efficace – S’amuse toujours à dire « A genoux » quand il fait usage de son pouvoir sur autrui - S’exprime très souvent avec de grands gestes, volubile qu’il est – Fait passer ses intérêts et ceux de ses proches avant tout – L'un de ses mottos ?
Altérés d’abord.