Lavi avait toujours apprécié l'art sous ses nombreuses formes, ainsi que sa réalisation et son histoire. Elle avait même pensé en faire sa vie, quelques années auparavant, avant d'emprunter un autre chemin qui, elle l'espérait, lui permettrait de se rendre plus utile à la société. Rendre le monde meilleur. Mais même ainsi, elle ne s'était pas entièrement défaite de ses racines artistiques, ayant tout de même conservé le cours d'Orfeo en tant qu'option. C'était un bon compromis, même si ça lui rajoutait une petite charge de travail.

Ce jour là, comme à son habitude, elle rangeait consciencieusement ses affaires à la fin du cours — la faim qui la tiraillait n'était une raison suffisante pour abandonner tout soin apporté à l'organisation — lorsque le vacarme retentit. Surprise, elle leva les yeux de son sac et eut à peine le temps de s'écarte par réflexe afin d'éviter de justesse un Ren aéroporté, avant que sa propre table s'envole également pour suivre le même trajet en sens inverse. Et sans même lui laisser le temps de comprendre la raison derrière cette soudaine profusion d'objets volants identifiés, ils se retrouvèrent encerclés.

Son sang se glaça. Ça n'avait pas l'air d'un exercice.

Jetant un rapide coup d'oeil autour d'elle, elle fit de son mieux pour analyser la situation sans céder à la panique. Les assaillants étaient moins nombreux que les assaillis, mais ils avaient l'avantage de la surprise et de la coordination, en plus d'être armés. L'un d'eux, masque de travers, se tenait l'épaule là où la table l'avait heurté de plein fouet, mais semblait plus irrité que réellement souffrant. Une pointe d'agacement se fit également sentir : c'était la deuxième fois en moins d'un mois que des altérés venaient troubler son quotidien. Certes, Merry s'était avérée inoffensive, mais tout de même, ça commençait à faire beaucoup.

Cependant, ce qui la frappa par dessus tout, c'est qu'ils n'avaient encore pas pipé mot. Ni sommation, ni revendication. Mais une telle opération devait avoir un but, quel qu'il soit.

Le vent se leva dans la salle. Les cheveux lui fouettant le visage, Lavi saisit sa chaise, seul élément de son mobilier qui était resté en place : comme arme improvisée, c'était à peine plus glorieux qu'un oreiller, mais ça lui permettrait peut-être de parer un coup en cas de besoin. Dans le même temps, elle fixa l'un des agresseurs droit dans les yeux et demanda aussi calmement que possible, la voix forte pour couvrir le sifflement de l'air qui s'intensifiait : « Qui êtes-vous, et qu'est-ce que vous voulez ? »